En route vers l'Eldorado (Sin nombre)

Avant de tourner son premier long-métrage, Cary Fukanaga (un nom dont il faudra se souvenir) a passé deux ans en préparation, accompagnant les migrants dans les trains censés les conduire vers l'Eldorado (Les Etats-Unis), frayant avec les mareros, ces adolescents membres des gangs qui ensanglantent l'Amérique centrale. Ce fond documentaire fait la force de Sin nombre, une tragédie humaine qui sonne juste, jusque dans les regards et les sourires las de ceux qui jouent leur vie à pile ou face. Mais ce n'est pas tout, Fukunaga (32 ans) se révèle aussi un scénariste accompli qui sait imbriquer avec maestria des destins individuels dans un contexte social fort. Pour un peu, on évoquerait Steinbeck écrivant sur la Grande dépression. Toute aussi remarquable est sa mise en scène, d'une douceur sèche, à peine dramatisée (ce n'est pas nécessaire, les faits parlent d'eux-mêmes), d'une fluidité étonnante pour un premier film. On lui reprochera peut-être l'ébauche d'une histoire d'amour à la Roméo et Juliette, dans un contexte qui ne s'y prête guère. Un détail, dans un film dont la simplicité apparente, dans les sentiments et les situations, est la marque d'un auteur qui possède toutes les cartes en mains pour devenir un très grand. A moins que Hollywood ne le mange tout crû, mais on ne parierait pas là dessus.



22/10/2009
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