Encore des films à La Rochelle (9)

Episode 8 : Le temps des souvenirs flous.

J'ai de plus en plus de mal à me lever. Peut-être à cause d'un sommeil trop court ou d'images kaléidoscopiques qui se télescopent dans ma pauvre tête ?
Allez, au boulot, après une douche, un sourire à la réceptionniste, un petit-déjeuner en terrasse (à faire dans l'ordre, sinon c'est le souk).

J'attaque dès 11 heures avec Le dernier homme (2006), un inédit d'un réalisateur habituellement plutôt porté sur le documentaire. Le dernier homme raconte une vague histoire de vampires à Beyrouth, prétexte parabolique pour décrire une ville exsangue après toutes les guerres qu'elle a traversées. C'est assez fastidieux avec des plans hors sujet (à moins que je n'eusse pas tout compris) comme ces étrages scènes de flamenco. Oublions.

Déjeuner au café QG du festival, soit L'avant-scène : petite salade nordique et quart de rosé du Haut-Poitou (home sweet home).


Deux heures de repos, de façon à mettre de l'ordre dans mes notes et poursuite de la lecture d'Anita cherche mari. Prêt pour une heure de queue ? Ouaip, sauf que suite à un incident technique, la séance est repoussée de trente minutes. J'ai bien fait de patienter, Un poison violent, le premier film de Katell Quillévéré, qui vient d'obtenir le prix Jean Vigo, est un chouette récit sur une adolescente de 14 ans qui, dans une Bretagne ultra catholique, sent monter en elle comme un désir de libérer son corps vers des embrasements pas très catholiques. Sérieusement, c'est un joli film, qui a de belles impudeurs (voir le personnage du grand-père joué par un Galabru d'anthologie) et un rythme qu'on peut trouver lent, sans jamais ennuyer. Qu'on se le dise : ça sort le 4 août et c'est à voir !


Je serai moins enthousiaste sur Abel, du mexicain Diego Luna (sortie le 5 janvier 2011), principalement en raison de son postulat de départ, difficile à avaler. A sa sortie de l'hôpital, pour cause de troubles psychologiques et de mutisme, un très jeune garçon revient dans sa famille et prend littéralement la place de son père, parti sans laisser d'adresse, avec un aplomb inébranlable et la soumission de sa parentèle, de peur qu'il ne retombe malade. La situation nous vaut des scènes de comédie débridées et absurdes, du moins au début, avant que le metteur en scène ne s'amuse avec d'autres genres : le fantastique, le drame, le suspense. Très bizarre, ce film, produit, entre autres, par Garcia Bernal et Malkovich. Si on en accepte les partis pris, c'est tout de même assez amusant à voir. Ah, tiens, je viens de m'apercevoir que le co-scénariste du film est un certain Eduardo Mendoza, l'un de mes romanciers espagnols préférés. Je comprends mieux la folie douce qui s'en exhale.


Je termine la soirée (non, je ne fais pas la nuit blanche qui est proposée chaque année en fin de festival) avec Adrienn Pal, deuxième film de la réalisatrice hongroise Agnes Kocsis. Voici son thème : une infirmière obèse, qui travaille dans un hôpital mouroir, est soudain obsédée par l'envie de retrouver sa meilleure amie de collège, perdue de vue depuis vingt ans. Durée du film : 2 heures 16. Ca donne envie, non ? Eh bien, détrompez-vous, c'est ce que j'ai vu de mieux, jusqu'ici, avec Les amours imaginaires de Xavier Dolan. Plans fixes, scènes courtes, belle photo, dialogues secs, situations absurdes : Agnes Kocsis est une cousine éloignée des cinéastes scandinaves tendance Hamer/Andersson/Kaurismäki. De plus, le scénario, au gré des rencontres du personnage principal, permet une radioscopie pertinente de la Hongrie d'aujourd'hui, à travers toutes les strates sociales. S'y ajoute un suspense : notre infirmière retrouvera t-elle cette Adrienne Pal, nom d'un chien ! (Pal, chien,c'était le jeu de mot approximatif du jour). Ce n'est pas tout, le film joue aussi de façon subtile sur le registre des souvenirs qui deviennent flous et inexacts au fur et à mesure de la mémoire des autres. L'ambiance modianesque parachève cette oeuvre inclassable, maîtrisée de bout en bout. Pour une surprise, c'est une bonne surprise.
Ne reste plus qu'à espérer que le film soit distribué en France. Ce serait dommage que non.


Demain : dernier jour avec L'homme qui crie (Tchad), Octobre (Pérou) et Yo tambien (Espagne).
Le compte-rendu attendra une petite quinzaine de jours pour cause de mise au vert de votre serviteur, épuisé (pas tant que ça) mais heureux.

See you, lecteurs.



11/07/2010
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