Héroïques soviétiques (Le bibliothécaire)
Vous avez dit bizarre ? Vous avez dit bazar ? Le bibliothécaire de
Mikhaïl Elizarov est en effet un roman étonnant, perturbant, et dans
lequel il est facile de se perdre. Tout se joue dans les 50 premières
pages, description de l’oeuvre de Gromov, écrivain oublié de l’époque
soviétique, dont les fidèles lecteurs, après la chute de l’URSS, ont
fait une sorte de maître à penser, après avoir constaté que ses écrits
avaient un effet dopant incroyable.
Roman fantastique et/ou ésotérique, Le bibliothécaire raconte les
batailles épiques entre les différents clans (on pourrait parler de
sectes) qui se disputent les rares exemplaires des livres de Gromov. Ces
combats sont racontés par le menu, dans des scènes à la limite du gore,
et ressemblent à des affrontements dignes du Moyen-Âge, cottes de
mailles et casques compris. Une bibliothèque est donc un groupe organisé
avec son chef, le bibliothécaire, et ses soldats, les lecteurs.
C’est un univers très étrange, presque parallèle, comme une sorte de jeu
vidéo improbable que décrit Elizarov, dans la Russie nouvelle que
l’auteur semble ne pas porter dans son coeur. De là à y voir une
nostalgie pour l’ère soviétique, il n’y a pas loin.
A réserver aux amateurs d’Heroic fantasy, et encore, sans garantie.