Hommes et femmes en souffrance (Les oiseaux de bois)
Esli Erdogan est une femme courageuse dont le corps porte encore des séquelles des violences policières subies dans le passé. Cette expérience douloureuse se retrouve dans son écriture, âpre, certains diront revêche, et dans les personnages qu'elle imagine, enfermés dans leur propre monde, clos pour pour se protéger de l'hostilité de la société. Les cinq récits qui composent Les oiseaux de bois décrivent ainsi des hommes et des femmes en souffrance : malades, veuf, schizophrène, épouse d'un prisonnier... Sans l'évoquer de façon précise, Esli Erdogan ne fait que parler de la Turquie, ironise sur la démocratie et la pseudo liberté de ses citoyens. La réalité est présente dans ses nouvelles mais elle s'efface le plus souvent devant un onirisme pesant, à la limite de l'indéchiffrable. C'est une littérature qui demande un véritable effort et dont l'opacité peut décourager si on est à la recherche d'une certaine légèreté. Rien de tel chez Erdogan, les coeurs saignent, les âmes s'alourdissent et s'égarent.
