L'amour fait du porte à porte (L'agence)
Blade Runner, Total Recall, Minority Report et
... pas mal d'autres : Philip K. Dick est un auteur rêvé pour le cinéma,
et en particulier Hollywood, qui y puise une inspiration que les
scénaristes de SF d'aujourd'hui ont du mal à égaler. L'agence,
adaptation de l'une de ses nouvelles, reprend quelques uns de ses thèmes
de prédilection : le libre arbitre, le destin, enfin, vous savez bien,
cette interrogation lancinante de l'homme : y a t-il quelqu'un là-haut
qui a déjà écrit le livre de nos vies ? Sujet inépuisable qui aurait dû
permettre à George Nolfi, scénariste de Ocean's Twelve et de La mémoire
dans la peau, de réussir son entrée dans le monde des réalisateurs. Il
est plutôt plaisant son film, honnêtement, et le couple Matt Damon/Emily
Blunt a du chien. Mais il y a un problème, et de taille : les
interrogations métaphysiques passent vite au second plan, reléguées au
profit d'une comédie romantique lambda qui s'en tient aux poncifs du
genre : les tourtereaux finiront-ils ensemble, oui ou zut ? La réponse
est courue d'avance, après une folle poursuite où Matt et Emily font du
porte à porte à tout berzingue. Attention les yeux, la conclusion est
révolutionnaire : l'amour triomphe de tous les obstacles. Yes ! Amateurs
de fantastique intelligent, passez votre chemin, le sentimentalement
correct a encore frappé.