L'ecstasy et l'agonie (Jewish Connection)
Au vu de son premier long-métrage, Jewish Connection, il est un peu
prématuré de prédire à Kevin Asch un bel avenir, mais ses débuts sont
prometteurs. Il est vrai que le sujet est en or, ces jeunes juifs ultra
orthodoxes qui deviennent passeurs de drogue entre Amsterdam et New
York, fait divers réel qui plus est, il y a de quoi faire un film choc,
confrontation de deux mondes strictement opposés. Avec un patronyme
pareil, Asch était l'homme de la situation (désolé). Bon, Jewish
Connection a pour lui un rythme nerveux, un éclairage crépusculaire et
une manière offensive de nous faire pénétrer dans des univers archi
codifiés, qui montrent que le réalisateur a du coffre. Il joue
évidemment sur l'opposition de la "pureté" hassidique au monde vicié du
deal, mais évite de trop plonger dans les clichés, en fonçant tête
baissé sans trop se soucier de psychologie. Asch a tendance a vouloir
passer en force, faute de moyens financiers il n'a guère d'autre choix,
et la méthode a du bon, même si elle peut s'avérer frustrante à la
longue. Et Jesse Eisenberg est presque aussi brillant que dans The
Social Network, ce qui montre les qualités du bonhomme. Ecstasy et
agonie, la recette de Jewish Connection n'est pas neuve, mais elle
marche, plutôt pas mal. Il y a ce côté urgent des premiers Scorsese qui
laissent deviner que Asch a du potentiel. A condition de trouver son
propre style, quelque part entre James Gray et Sidney Lumet.