L'empêcheur de suicides (Le coeur régulier)
Comment dire ? On retrouve dans Le coeur régulier les thèmes de
prédilection d'Olivier Adam. Dans une histoire nouvelle, mais pas si
différente des autres (Je vais bien ...). Il y a deux récits bien
distincts, l'un de la déconstruction, en France, après la mort du frère
quasi jumeau et l'impression que sa propre vie est bâtie sur du sable et
nourrie de compromis quotidiens avec la société, qui ne sont plus
supportables. Cette partie là n'est pas très originale. A cause de
l'impression de déjà lu et d'attaque convenue contre l'ultra
libéralisme, le conservatisme tranquille et moisi, et une vision de
l'entreprise qui est juste, mais attendue, là encore. Comme cette description du
stage de motivation dans le Morbihan qui aligne les clichés. La partie japonaise est bien plus intéressante. Pas pour le
côté exotique, qui n'y est pas, mais parce qu'il s'agit de
reconstruction et de remise en cause de ses propres préjugés, de ses
certitudes rebelles, de l'égoïsme qui est tapi en chacun de nous et qui
nous ronge à l'intérieur. Et puis, il y a les personnages que rencontre
Sarah, l'héroïne du livre. En particulier, cet "empêcheur de suicides" qui est
extraordinaire, non seulement pour ce qu'il fait, mais par son humilité
et sa discrète humanité. Les falaises, un homme qui veille comme un ange
gardien, finalement c'est l'image que l'on retient d'un roman que l'on pense ne pas avoir aimé plus que ça. C'est une erreur, il laisse un
goût doux/amer agréable et une douce mélancolie au creux du coeur.