L'enfer de Mogadiscio (Exils)
Chaque chapitre d'Exils, de Nuruddin Farah, s'ouvre par une citation de L'enfer de Dante. On ne saurait trouver mot plus approprié pour décrire Mogadiscio, capitale d'une Somalie exsangue et en proie à la guerre civile depuis des années : Enfer. Dans cette ville de mort et de désolation, Farah raconte dans une langue claire et réaliste les sensations d'un exilé de retour dans son pays, lui qui est désormais plus américain que somalien, quoique ... Rien n'est sûr, surtout pas les amis d'hier, dans cette jungle urbaine où les seigneurs de guerre règnent en maître (la Somalie n'a plus de gouvernement à proprement parler depuis le début des années 90). Le roman de Nuruddin Farah ne vaut pas que pour son aspect documentaire et politique (qui s'intéresse aujourd'hui à la Somalie ?), il est aussi un remarquable thriller, certes chaotique et parfois très sinueux, mais d'une implacable efficacité et passionnant. Et comme toujours chez l'écrivain somalien, ce sont les femmes qui représentent le seul espoir possible pour l'avenir de son pays natal. Même si cet espoir est ténu et fuyant comme une balle traçante dans la nuit.