La couturière et le poète (Bright star)
Portrait de femme, Holy smoke, In the cut : les trois (bons) films de Jane Campion qui ont suivi sa Palme d'or à Cannes n'atteignaient cependant pas les sommets de La leçon de piano. Avec Bright star, la réalisatrice revient au zénith de son cinéma, du cousu main avec la délicatesse, la précision et la justesse qu'on lui connait. Belle histoire, certes, que celle de l'amour pur de Keats et de sa voisine, mais qui ne serait rien, ou presque, sans la transcendance de la mise en scène. Fluide, maîtrisant les ellipses avec brio, sensible au paysage intérieur (de ses personnages, les seconds rôles n'en sont pas) et extérieur (le passage des saisons), capable de montrer de la beauté (papillons voletant dans une pièce, rideau gonflé par le vent...) sans faire d'esthétisme : la leçon d'une cinéaste au plus fort de sa maturité. Jane Campion tisse les liens d'un chaste amour comme son héroïne brode des fils de soi(e). La couturière et le poète, deux âmes unies pour un brève embellie, éphémère comme la vie d'un papillon.
PS : la traduction des poèmes de Keats, aussi talentueuse soit-elle, restitue mal leur musicalité anglaise. Pour preuve, le générique final, superbe, bercé par la lecture d'une de ses odes.
PS : la traduction des poèmes de Keats, aussi talentueuse soit-elle, restitue mal leur musicalité anglaise. Pour preuve, le générique final, superbe, bercé par la lecture d'une de ses odes.