La drogue du viol (La rivière noire)
Un seul commissaire nous manque et tout est dépeuplé. Non, c'est vrai, sans Erlendur, le dernier Indridason, La rivière noire, a comme un goût d'inachevé, voire de bâclé, d'insatisfaisant, en tous cas. Elingborg, l'adjointe d'Erlendur, qui prend la relève en l'absence du susdit (dont la vraie fausse apparition en fin de roman est diablement inquiétante), est fade en comparaison, et ses tourments familiaux, d'une grande banalité, ne nous émeuvent guère. L'enquête, en elle même, qui tourne autour de l'assassinat mystérieux d'un type qui utilise le Rohypnol, la drogue du viol, pour abuser de jeunes femmes sans défense, n'est pas palpitante non plus. Les meilleurs passages se trouvent en fin de roman, dans la description d'un petit village qui semble ravitaillé par les corbeaux, où règne l'omerta, dans une atmosphère glauque au possible. Le récit manque d'ampleur, le style est souvent laborieux, plombé par d'innombrables dialogues répétitifs et sans saveur. Bon allez, malgré ces réserves, force est de constater que la petite musique indridasonienne fonctionne toujours, même au ralenti. C'est du moins l'impression finale, ce polar semble comme une transition avant une prochaine aventure où l'on va enfin savoir ce qu'il est advenu de ce brave Erlendur. Le vrai suspense de La rivière noire se trouve là, en creux, dans cette absence inexpliquée de notre personnage préféré. D'une certaine façon, Indridason a réussi un coup de maître en affichant la bande-annonce de son prochain livre. Le salopiot !