Elle s'appelait Zaira (Les derniers flamants de Bombay)
Un des grands défauts de bon nombre de romans contemporains est de ne pas savoir tenir la distance. Une bonne idée de départ, un début prometteur et puis ..., tout s'effiloche. Les derniers flamants de Bombay, de l'indien Siddharth Dhanvant Shanghvi, est à l'opposé : une mauvaise entame, superficielle et vulgaire, une lente amélioration et deux cents dernières pages nostalgiques et profondes qui laissent une impression positive. Inspiré par le meurtre de Jessica Lall, mannequin célèbre, le livre utilise des éléments du fait divers qui donnent à la fiction un parfum réaliste de l'Inde d'aujourd'hui, tout en s'en échappant par la vertu du romanesque.
Acte 1 : un jeune provincial débarqué à Bombay découvre la vie trépidante et délurée de la communauté des People. Superficialité et vanité dominent cette première partie du livre accentuées par le style très relâché de Shanghvi qui se fait à l'occasion trivial, agrémenté de scènes à la imite de la pornographie. Sans doute une volonté de provocation de l'auteur, mais d'un intérêt littéraire restreint. Un vrai supplice.
Acte 2 : après l'assassinat de Zaira, star de Bollywood, commence le procès de son assassin présumé, le fils d'un politicien en vue. Changement de ton : le roman se fait pamphlet, dénonçant la corruption généralisée de la société indienne et la façon dont le pouvoir et l'argent peuvent faire dévier le cours de la justice. Outre l'aspect documentaire, puisque la plupart des faits relatés sont réels, les personnages principaux s'étoffent et ne sont plus réduits à l'état de pantins dont les seules préoccupations ne sont pas que de faire la fête et de parader. L'intérêt renaît et s'aiguise.
Acte 3 : le temps a passé. Les héros ont vieilli de quelques années, ont connu la maladie, la mort de proches, l'exil ... L'heure est au désenchantement et le livre décolle enfin, révèle sa vraie nature, pessimiste et mélancolique, sur un mode bien plus ambitieux. Le ton se fait grave et, malgré quelques facilités dans les dialogues, s'épanouit dans une vision plus large et pertinente des contradictions sociales d'un pays en pleine mutation.
Il faut un certain temps pour s'apercevoir que le vrai sujet du roman est Bombay, devenue Mumbai au cours des dernières années. Ville de tous les excès et de tous les extrêmes. Les pages qui décrivent sa beauté funeste et souvent mortifère sont les plus remarquables du livre. Les derniers flamants de Bombay n'est pas un roman tranquille. Construit sur trois étages, il agace souverainement avant de séduire. Les sentiments assez partagés que l'on éprouve à sa lecture ressemblent à ceux que l'on a en visitant l'Inde. Ce mélange de pourriture et de splendeur qui désoriente nos sens d'occidentaux. En cela, le livre est sans l'ombre d'un doute un ouvrage 100% indien. Irritant et passionnant dans la richesse de sa palette.
Acte 1 : un jeune provincial débarqué à Bombay découvre la vie trépidante et délurée de la communauté des People. Superficialité et vanité dominent cette première partie du livre accentuées par le style très relâché de Shanghvi qui se fait à l'occasion trivial, agrémenté de scènes à la imite de la pornographie. Sans doute une volonté de provocation de l'auteur, mais d'un intérêt littéraire restreint. Un vrai supplice.
Acte 2 : après l'assassinat de Zaira, star de Bollywood, commence le procès de son assassin présumé, le fils d'un politicien en vue. Changement de ton : le roman se fait pamphlet, dénonçant la corruption généralisée de la société indienne et la façon dont le pouvoir et l'argent peuvent faire dévier le cours de la justice. Outre l'aspect documentaire, puisque la plupart des faits relatés sont réels, les personnages principaux s'étoffent et ne sont plus réduits à l'état de pantins dont les seules préoccupations ne sont pas que de faire la fête et de parader. L'intérêt renaît et s'aiguise.
Acte 3 : le temps a passé. Les héros ont vieilli de quelques années, ont connu la maladie, la mort de proches, l'exil ... L'heure est au désenchantement et le livre décolle enfin, révèle sa vraie nature, pessimiste et mélancolique, sur un mode bien plus ambitieux. Le ton se fait grave et, malgré quelques facilités dans les dialogues, s'épanouit dans une vision plus large et pertinente des contradictions sociales d'un pays en pleine mutation.
Il faut un certain temps pour s'apercevoir que le vrai sujet du roman est Bombay, devenue Mumbai au cours des dernières années. Ville de tous les excès et de tous les extrêmes. Les pages qui décrivent sa beauté funeste et souvent mortifère sont les plus remarquables du livre. Les derniers flamants de Bombay n'est pas un roman tranquille. Construit sur trois étages, il agace souverainement avant de séduire. Les sentiments assez partagés que l'on éprouve à sa lecture ressemblent à ceux que l'on a en visitant l'Inde. Ce mélange de pourriture et de splendeur qui désoriente nos sens d'occidentaux. En cela, le livre est sans l'ombre d'un doute un ouvrage 100% indien. Irritant et passionnant dans la richesse de sa palette.