La pute la plus intellectuelle d'Amérique (La faculté des rêves)

Quel livre ! Loin d'être une biographie classique (de Valerie Solanas, celle qui tira sur Andy Warhol), La faculté des rêves est la recréation d'une vie, celle de "la pute la plus intellectuelle d'Amérique", une fiction fantasmée où la narratrice converse de temps à autres avec son héroïne. Sara Stridsberg ose tout : une chronologie hachée, des conversations d'une crudité rare (et très drôles, aussi, à l'occasion), une attaque en règle des institutions américaines, un déboulonnage de l'icône Warhol... Elle n'a peur de rien et elle assume son amour pour Valerie Solanas, sans pour autant "hagiographer", elle lui tient simplement la main dans les épisodes les plus glauques (viol, prostitution, asile psychiatrique), l'épaule lorsque elle lutte contre la bienséance et la normalité, la suit dans sa chute pathétique. De la crasse et des roses, c'est la vie de Valerie Solanas. Beaucoup de crasse et trop peu de roses. Femme de théâtre, Stridsberg est particulièrement douée pour écrire des dialogues cinglants qui confèrent au roman une énergie dévastatrice. Le livre, tout entier, est fait de cette étoffe, déglingué, déstructuré, déluré. Ce n'est pas de la littérature polie, c'est un ouragan de vulgarité et de poésie cabossée. Impossible de sortir indemne de cet ouragan de mots et de sensations. Quel livre (bis repetitat)!



25/10/2009
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