La truelle ne vaut pas le pinceau (Ma part du gâteau)
Il y a quelque chose de foncièrement sympathique,
car sincère, dans le dernier Klapisch. L'idée de confronter la France
d'en haut -bourse, luxe et cynisme-, et celle d'en bas -dèche,
débrouille, humanisme-, n'est pas en soi répréhensible, elle ressemble à
ce que faisait Capra dans ses comédies des années 30 et 40. Avec un
stradivarius tel que Karin Viard et un bon Gilles Lellouche, l'affaire
pouvait s'avérer concluante. Ceci, à condition d'user d'un minimum de
subtilité et de ne pas glacer les deux protagonistes dans des
représentations stéréotypées des deux univers qu'ils représentent. De ce
côté là, on est fort marri de le constater, le scénario de Ma part du
gâteau emploie la truelle plutôt que le pinceau. Ah, que le riche est
égocentrique, déconnecté des réalités, d'une infâme cupidité ! Ah, que
la modeste est humaine, compatissante et lucide ! Mais oui, c'est aussi
caricatural que cela, et on a beau être dans une vision globalement
exacte de l'état de notre société, mettre le doigt, sans doigté, si l'on
ose dire, sur le gouffre qui sépare les deux personnages provoque des
sourires crispés plutôt qu'une adhésion au propos. Et que dire de la
scène finale, démagogique au possible, qui transforme la chronique
sociale en thriller douteux ? Klapisch avait un message à faire passer,
soit, quel besoin avait-il de l'imposer en force, dans une outrance et
une absence de nuances qui l'auto-détruit illico ?