Le frère de Christophe Colomb (L'Entreprise des Indes)

L'Entreprise des Indes s'ouvre sur le prêche du dominicain Montesinos, qui dénonce le génocide des indiens par les conquérants espagnols. Nous sommes en l'an 1511 dans  la ville de Saint-Domingue. Le livre se ferme par les pogroms contre les juifs, à Lisbonne, quelques années plus tôt. Pourquoi la découverte d'un nouveau monde, aventure humaine incomparable, s'accompagne t-elle d'atrocités innommables ? L'homme qui s'interroge ainsi, dans le roman d'Erik Orsenna, n'est autre que Bartolomé Colomb, frère de Christophe, qui à la fin de son existence se souvient et se lamente. L'Entreprise des Indes n'est pas le énième récit glorieux du voyage de Christophe Colomb, qui n'apparait d'ailleurs qu'au milieu du livre, mais l'histoire de son ombre, ce frère qui avant de l'épauler dans ses projets, et avec quel dévouement, travailla comme cartographe plusieurs années dans la bonne ville de Lisbonne. On sait le talent de conteur d'Orsenna, il ne déçoit pas ici dans un style chamarré et imagé, d'où l'ironie impertinente n'est jamais absente. L'auto-portrait qu'il brosse de Bartolomé, le Colomb obscur et oublié de l'Histoire, est bienveillant et impitoyable à la fois. Il est surtout prétexte à saisir l'atmosphère enivrante d'une époque où l'univers s'agrandit chaque jour. Avant que cette fièvre ne débouche sur l'intolérance et le folie criminelle. "Les bateaux ne partent pas que des ports, ils s'en vont poussés par un rêve", écrit Orsenna. Avant de se transformer en cauchemar, ajoute t-il entre les lignes.



31/05/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 9 autres membres