Le grand Clint (Gran Torino)
C'est cela que l'on doit appeler la plénitude. De l''homme, mais aussi du cinéaste, car il semble bien que, dans le cas du grand Clint, les deux aspects aillent de pair. Gran Torino est moins sophistiqué et retors que L'échange et c'est tant mieux. Sûr de sa mise en scène, en paix avec lui même, Eastwood signe un film qui sonne comme un testament (voir la scène finale), au moins en temps qu'acteur. L'air de rien, il fait la synthèse de tous les personnages qui ont fait sa carrière et sa réputation, à commencer par le célèbre inspecteur Harry (accusé de crypto-fascisme en son temps) qu'il n'est pas loin de ridiculiser. Eastwood est de la race des grands cinéastes, comme son maître John Ford, qui n'ont pas besoin d'un scénario sublime pour réaliser un film maîtrisé de bout en bout et surtout empreint d'un humanisme qui est tout sauf niais. Le scénario, donc, n'est pas le meilleur qu'il ait eu entre les mains (loin de Million dollar baby) mais il en tire la quintessence et confirme son statut de Commandeur du cinéma américain. Avec les félures et les blessures de la vie qui le rendent d'autant plus magnifique.