Le ciel de Toscane (Copie conforme)

Abbas Kiarostami a bien fait de se délocaliser et de planter sa caméra sous le ciel de Toscane, à l'ombre des cyprès. Copie conforme est l'oeuvre d'un maestro, capable de se renouveler, sans perdre son âme, et de livrer un film frais et capiteux, au parfum entêtant, qui reste énigmatique jusqu'à son dénouement, qui peut être un commencement. En déflorer le sujet serait un crime, et d'ailleurs, quel est-il vraiment ? Une réflexion sur l'art et le regard ? Sur la vérité et le mensonge ? Sur l'usure du couple, avant tout, hommage direct au Rossellini de Voyage en Italie et aussi au Bergman d'Une leçon d'amour, pour l'aspect ludique. Au côté du baryton William Shimell, épatant pour sa première apparition au cinéma, Kiarostami offre à notre Juliette Binoche un rôle somptueux. Qu'elle est belle dans la douce lumière italienne, sensuelle, tendre, rageuse, comique. Toute la riche palette de son jeu s'y déploie sous la mise en scène gracieuse et glissante du cinéaste iranien. Le film est  léger et grave à la fois, à l'image de ses dialogues et des idiomes qui s'y mélangent avec harmonie : italien, anglais, français. Et l'on y rencontre de jeunes mariés, de vieux touristes et une mamma philosophe, comme autant de témoins de ce couple sur lequel plane un mystère que les spectateurs interprèteront à leur guise. Kiarostami fournit les clés, à nous de trouver les portes qu'elles ouvrent. Avec aussi le choix de jeter le trousseau et de rester dans une suave incertitude.



20/05/2010
4 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 9 autres membres