Les colons et les indiens (Même la pluie)

Le point fort de Même la pluie, c'est son scénario. Ecrit par le collaborateur habituel de Ken Loach, il évoque la mondialisation avec force, dresse un parallèle osé entre la colonisation espagnole et l'exploitation des figurants boliviens par un producteur et un réalisateur espagnols sans scrupules. La matière est riche, presque trop, et passionnante, avec des images superbes du film dans le film, quand Bartolomé de Las Casas dénonce les exactions des colons : " vous êtes tous en état de pêché mortel à cause de votre cruauté envers une race innocente." Entre Pirandello et le Herzog de Fitzcarraldo, Même la pluie est alors plus que convaincant. L'autre aspect du film, celui qui prend le dessus au fil des minutes, est hélas moins réussi, par excès de bons sentiments et un manichéisme parfois gênant. Quand une partie de l'équipe de tournage, en particulier son producteur, abandonne son cynisme pour prendre fait et cause pour les indiens révoltés, le film frise la caricature. Dommage, car Luis Tosar, dans le rôle dudit producteur, est exceptionnel, et éclipse sans peine un Gael Garcia Bernal assez transparent. On est peu désolé de terminer sur cette note chagrine tant Iciar Bollain, réalisatrice de films intimistes et précieux (Ne dis rien, Mataharis), met du coeur pour faire passer son message. Sa générosité, on le regrette, a malheureusement un côté démonstratif qui a du mal à passer.




08/01/2011
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