Les liaisons vietnamiennes (Vertiges)
Vertiges en version française, Adrift à
l'international (A la dérive) : aucun des deux titres ne témoigne
réellement du climat sensuel et sensoriel qui baigne le film de Bui Thac
Chuyen. Un film vietnamien sur nos écrans, c'est déjà un petit miracle,
on ne va pas s'en plaindre. Vertiges a semble t-il eu du mal avec la
censure dans son pays, parce que l'homosexualité féminine, même suggérée
avec pudeur comme ici, ça passe encore difficilement. Vertiges est une
sorte de variation des Liaisons dangereuses, la femme amoureuse jetant
l'objet de son désir dans les rets d'un séducteur patenté. Le film
dépasse cette intrigue, cependant, en proposant d'autres portraits de
femmes, les hommes sont réduits à la portion congrue, eux, tout en
captant l'énergie et le grouillement urbain (belles scènes de mousson).
L'aspect documentaire de l'évolution de la société vietnamienne, bien
qu'en arrière plan, ne manque pas d'intérêt. L'images est très belle, un
peu à la Wong Kar Wai, avec des frôlements, des regards, et des débuts
de caresse. De l'érotisme à l'extrême oriental, qui tombe un peu dans
les clichés, sans que cela soit trop gênant. Un peu de raffinement face
au cinéma de brutes qu'on nous propose ad nauseam, pourquoi faire la
fine bouche ?

