Mélo social façon égyptienne (Femmes du Caire)

Shéhérazade, raconte-moi une histoire, telle est approximativement la traduction du titre original de Femmes du Caire. L'appellation française n'est qu'en partie justifiée car elle laisse faussement à penser que le film prend la pouls de la capitale égyptienne, avec son grouillement et son chaos traditionnels. Le propos du réalisateur, Youry Nasrallah, est tout autre, il a choisi de tourner davantage en studios que dans la rue et a soigné une mise en scène chaude et très esthétique qui, bizarrement, fait penser dans un premier temps à une version arabe de Plus belle la vie (sic) avant d'évoquer plus tard un mélodrame dans le style d'Almodovar. Il faut un temps d'adaptation pour distinguer, derrière une forme clinquante, une critique sociale sans concession de la société égyptienne moderne. Fausse piste également que ces premières minutes dévolues à un couple chic du Caire -appartement superbe, vie trépidante, travail gratifiant dans les médias-, dans lequel semble régner une belle entente. Tout en respectant les codes du mélodrame bourgeois dans sa mise en scène, Nasrallah va au fil des minutes développer plusieurs histoires (tirées de faits divers) qui en disent long sur la condition féminine et n'hésitent pas à aborder le sujet tabou de la sexualité. Les 2 heures 15 paraissent courtes tant les scènes marquantes abondent, avec en fil rouge le personnage principal joué divinement par Mona Zaki (visage de poupée qui dissimule un tempérament de femme indomptable). Ce film stylisé à l'extrême est en définitive une oeuvre engagée et politiquement incorrecte qui risque (s'il est diffusé sur place sans censure, ce qui est improbable) de faire scandale dans les milieux conservateurs (pour ne pas dire intégristes) du Caire.



06/05/2010
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