Moisson de vieux films (Juin/2)


Quand la lune se lève (The rising of the moon, John Ford, 1957)
Une oeuvre très spéciale dans la carrière de Ford car 100% irlandaise, plus enracinée encore dans les traditions du pays de ses ancêtres que L'homme tranquille, Le mouchard ou Révolte à Dublin. Trois petites histoires, comme autant de nouvelles, qui sentent la tourbe, la bruyère et le whisky et qui "racontent presque rien en disant presque tout." De l'âme du peuple irlandais, évidemment. Le premier récit, adapté de Frank O'Connor, est une mise en bouche. Un épisode comique et rural sur l'arrestation d'un distillateur d'alcool par un de ses amis, policier bonhomme. Le deuxième, très drôle, explique comment un arrêt en gare d'une minute d'un tortillard dure parfois une demi-heure. Le temps de boire quelques bières et d'embarquer une chèvre en première classe. Le troisième segment, le plus touchant, narre la façon dont un condamné à mort, vers la fin de l'occupation anglaise, parvient à s'échapper avec l'aide de fausses bonnes soeurs et de l'ensemble des dublinois. La dernière scène montre un policier irlandais qui vient de se laisser berner par le révolutionnaire et qui se demande s'il a raison de croire qu'il est aussi bête qu'il le pense. Il ne lui reste plus qu'à rentrer chez lui en chantonnant The rising of the moon, un des hymnes de la révolte irlandaise. Pas un très grand film, au sens strict du terme, mais un des plus personnels et émouvants de John Ford.

Quatre hommes autour d'une femme (Vier um die Frau/Kampfende Herzen, Fritz Lang, 1921)
Retrouvé par hasard, il y a quelques années à la cinémathèque de Sao Paulo, ce film de 54 minutes (est-il complet ?) est plutôt déconcertant. Une sorte de mélodrame conjugal qui devient thriller avec un passage dans les bas-fonds qui préfigure le Dr Mabuse. Curieux et parfois difficile à comprendre, ce Lang ! Il est programmé fin juin au Cinéma de minuit de France 3.

La fille du bois maudit (The Trail of the Lonesome Pine, Henry Hathaway, 1936)
La meilleure période de Hathaway ? Le milieu des années 30 avec le sublime Peter Ibbetson, Les trois lanciers du Bengale, Âmes à la mer et La fille du bois maudit. Ce remake d'un film de Cecil B. de Mille est le premier Technicolor (somptueux) tourné hors des studios de Hollywood en décors naturels. Il passe avec aisance de l'élégie au mélodrame sans oublier la comédie. Une histoire qui pourrait être banale, de rivalité entre deux familles isolées dans la montagne, qui voient arriver le chemin de fer sur leurs terres. Elle est magnifiée par la mise en scène simple et douloureusement lyrique de Hathaway et une interprétation splendide d'un Henry Fonda quasi débutant et déjà génial. Sylvia Sidney, adorable actrice de tempérament est également remarquable au côté d'un Fred MacMurray sobrement efficace. Très beau film, vraiment.

Santiago (Gordon Douglas, 1956)
Rares sont les films qui ont été consacrés à la lutte des cubains contre l'oppresseur espagnol (1895-1898). Mais du point de vue historique, le film de Douglas est biaisé, en oubliant le rôle des Etats-Unis qui prirent la succession de l'Espagne. C'est un film d'aventures assez médiocre, avec tous les poncifs du genre et un Alan Ladd qui joue comme une pantoufle. Dans la longue carrière de Gordon Douglas, Santiago fait figure de quasi nanar.


Clochemerle (Pierre Chenal, 1948)
Savoureuse adaptation du roman de Gabriel Chevallier, publié 14 ans plus tôt, et dont le toponyme entra dans la langue français. Dans cette chronique située pendant la troisième République, l'installation d'un urinoir public dans un petit village du Beaujolais est à l'origine d'une querelle féroce entre bigots et républicains. Volontiers grivois et sans nuances, le film est amusant par ses excès mêmes et son interprétation outrée (ah, Saturnin Fabre). Le Chenal des années 30 (La maison du maltais, Le dernier tournant,...) est tout de même plus intéressant.


12/06/2010
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