Moisson de vieux films (Novembre/4)


Le jardin des délices (El jardin de las delicias, Carlos Saura, 1970)
Carlos Saura est au début de sa période "symboliste" qui va culminer dans son célèbre Cria cuervos, 6 ans plus tard. Le trait est assez appuyé et le discours volontairement confus. On a parfois l'impression d'être dans un film de Bergman terminé par Bunuel. Antonio, le protagoniste principal est à moitié paralysé et amnésique après un accident de voiture. Sa famille lui joue des scènes de son enfance pour lui faire recouvrer la mémoire et, si possible, indiquer où se trouve son compte en Suisse. Traumatisé, sujet à des fantasmes récurrents, Antonio revit la guerre d'Espagne, ses années de riche industriel ... L'allégorie nous semble claire aujourd'hui, vu la situation de l'Espagne de l'époque avec un Franco déclinant dans un pays dominé par une bourgeoisie qui n'a une angoisse : perdre ses privilèges.

Ecrit dans le ciel (The high and the mighty, William Wellman, 1954)
Un avion décolle d'Honolulu vers San Francisco. En cours de route, un réacteur prend feu. Le crash semble inévitable.
Un des premiers film-catastrophe en plein ciel, qui n'est pas vraiment un d'ailleurs. C'est très hollywoodien, avec son cortège de personnages, les passagers, qui ont tous une histoire à raconter. Un film psychologique sans grand suspense ni performance d'acteurs, Wayne et Stack sont fades. Mais Wellman a du métier et du savoir-faire pour nous intéresser au sort de ces américains banals. Rien de génial là-dedans, du cinéma sans turbulences, mais solide.

Un homme pas comme les autres (Trouble along the way, Michael Curtiz, 1953)
Pour renflouer les caisses de son collège catholique, un recteur fait appel à un ancien champion de football aux méthodes peu orthodoxes et qui doit se battre pour conserver la garde de sa fille. On peut appeler ça un chef d'oeuvre mineur de Curtiz, un "light hearted movie", émouvant dans son portrait d'un loser patenté qui tente de se relever après chaque échec. Un rôle inhabituel pour John Wayne qui prouve, s'il en était besoin, qu'il est un excellent acteur et pas seulement un fier à bras. A son côté, Charles Coburn est un formidable recteur vieillissant, au sens de l'humour dévastateur. Le terrain n'est pas aussi balisé que dans un film hollywoodien traditionnel, jusqu'à l'habituel happy end qui se révèle plein d'amertume. Chouette film, vraiment.

La belle de Paris (Under my skin, Jean Negulesco, 1950)
D'après une nouvelle d'Hemingway, adaptée de bien piètre façon. Entre le film noir et un romantisme désuet, l'histoire d'un jockey qui a passé à vie à tricher et à mentir à son fils. John Garfield a la hargne nécessaire mais le personnage de Micheline Presle, chanteuse pour l'occasion, est honteusement écrit. Quelques courses de chevaux ravivent un peu l'attention mais l'ensemble est vraiment d'une faiblesse insigne.


Le retour du proscrit (The shepherd of the hills, Henry Hathaway, 1941)
Première rencontre entre Hathaway et John Wayne, jeune cheval pas encore débourré. Ils auront l'occasion de tourner ensemble à 4 reprises, bien plus tard. Ce vrai faux western est une curiosité, un mélodrame en technicolor, dans des décors naturels somptueux, qui flirte avec le fantastique, dans une atmosphère élégiaque. Une histoire de malédiction, de rédemption, de combat entre le bien et le mal, comme une tragédie grecque au soleil de la vengeance. Du beau, du bon, du grand Hathaway.


26/11/2010
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