Pas d"épices, pas de plaisir (Le roi du cinéma muet)
Première qualité des romanciers indiens : leur capacité à rendre compte du caractère épicé de ce pays unique, effroyable et magique, excessif jusqu'à l'écoeurement dans ses couleurs, ses saveurs et ses odeurs. Le roi du cinéma indien de Indrajit Hazra est taillé dans une toute autre étoffe. Sobre, versant assez peu dans le pittoresque, écrit dans une langue impeccable mais froide, le livre est somme toute assez ennuyeux. Même la rencontre avec un Fritz Lang imperturbable est décrite de façon neutre et analytique sans le soupçon de folie qu'un tel épisode aurait pu déclencher. Ecrit dans un style académique, Le roi du cinéma muet plaira peut-être à ceux qui jugent la littérature des Ghosh, Mistry, Seth et autres Tharoor trop bigarré et excentrique, et manquant de profondeur. Le roman laissera les autres sur leur faim, guère conquis par cette évocation bien trop sage et maîtrisée d'une époque et d'un pays qui ne le sont point.