Pas fait pour des enfants de choeur (Cellule 211)
Dès sa première scène, sanglante, on a bien compris que Cellule 211 ne serait pas un film pour enfants de choeur. Le scénario du film de Daniel Monzon, metteur en scène à l'opportun nom de boxeur, est malin, un peu trop d'ailleurs, avec ses luttes de pouvoir au sein même de la prison et ses infiltrés qui tirent les ficelles dans l'ombre. Problème majeur : son postulat de départ, pas très crédible, mais sans lequel le film n'existe plus. Sans parler de deux ou trois invraisemblances, ou fortes coïncidences, si l'on préfère, bien pratiques pour relancer l'action. En outre, l'intrigue sentimentale est de trop et l'intrusion de la politique (avec les prisonniers de l'ETA) nettement hors sujet, pour ne pas dire gênante. A condition d'accepter ces défauts, Cellule 211 se voit malgré tout comme un bon suspense, lourd de tension(s) et intelligemment mené. Et le charisme effrayant de Luis Tosar, le taulard enragé, est impressionnant. Quant à la comparaison avec Un prophète, elle fait long feu, car même s'ils appartiennent tous les deux au genre carcéral, Cellule 211 est loin d'avoir la richesse du film d'Audiard, tant du point de vue de sa thématique (il ne s'agit que d'une émeute, après tout) que par sa mise en scène, efficace certes, mais globalement fonctionnelle. C'est une oeuvre qui a des "huevos" comme on dit outre Pyrénées, mais ce n'est pas le film de l'année, ni même du mois.