Perdu dans l'espace-temps (Le fond du ciel)

Le meilleur du livre de Rodrigo Fresan, Le fond du ciel, se situe dans sa postface. Là, au moins, c'est clair, et le lecteur se réjouit de tout comprendre, ce qui était loin d'être le cas dans les 290 pages qui précédaient.
Qu'écrit-il, l'auteur argentin ? Que Le fond du ciel n'est pas un roman de science-fiction, mais un roman avec de la science-fiction, nuance ! Un peu plus tôt, il prétendait même que ce n'était peut-être pas un roman (sic). Et Fresan de citer toutes ses sources d'inspiration, de Kurt Vonnegut (Abattoir 5) à Stanley Kubrick (2001), en passant par Philip K. Dick (la référence la plus évidente), Mark Rothko, les Beatles (écoutez les paroles d'A day in the life), Ray Bradbury, David Lynch, Roberto Bolano, etc.
Pendant une centaine de pages, Le fond du ciel est à peu près lisible et compréhensible. Ensuite, il n'y a plus ni temps, ni espace, l'auteur abolit toutes les limites, ne reste plus que la description d'un scène tendre d'adolescence, qui n'existe plus que par la force de la mémoire. Ce n'est effectivement pas de la science-fiction, c'est de l'ésotérisme, qui ne fonctionne que par impressions ou sensations superposées.
Au-delà de quelques formules qui claquent et d'un humour discret, Le fond du ciel est un voyage sans retour et sans indications topographiques. Le livre n'a pas que largué les amarres, ses lecteurs aussi, sauf, évidemment, quelques élus qui sauront se retrouver dans cet espace-temps situé sur une planète qui est sans doute la nôtre, mais rien n'est moins sûr. Au secours !



19/10/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 10 autres membres