Récolte de vieux films (Janvier/4)

Un film d'amour (Szerelmesfilm, Istvan Szabo, 1970)
Hongrie 44, 56, 70 : un film d'amour, certes, mais avant tout un film sur l'histoire contemporaine d'un pays, à travers son évolution politique. Et deux âmes soeurs, depuis l'enfance, séparées par deux conceptions de la vie, capitaliste et communiste. Film de collages d'images, kaléidoscope de souvenirs qui se télescopent, montage maîtrisé bien que déconcertant. Proche d'un Resnais (années 70 et 80), et par ses thématiques, et par son refus de la linéarité.
Le gaucho (Il gaucho, Dino Risi, 1963)
1963 est un bon millésime pour Risi avec Les monstres et Il giovedi. Le gaucho souffre de la comparaison, tant cette pochade est bavarde est pas très drôle. Attaché de presse en grosses difficultés financières, Mario accompagne une équipe de cinéma à un festival cinématographique en Argentine. La communauté italienne de Buenos Aires ne leur laisse pas un moment de répit entre visites d'estancias et fêtes "al dente". Le film manque de chair et ressemble parfois à un dépliant touristique. Gassman, déchaîné, est l'unique raison de voir cette oeuvre sans relief.
Morgiana (Juraj Herz, 1972)
Trois ans après son ébouriffant Incinérateur de cadavres, Herz tourne un conte d'horreur gothique. Côté visuel, c'est un régal, avec une mise en scène qui mise sur les longues focales. L'histoire en elle-même, celle d'une femme qui empoisonne sa soeur pour acquérir tout ce qu'elle n'a pas est plus conventionnel. Mais elle est traitée volontairement dans l'excès, dans le maquillage, la musique, l'interprétation. Iva Janzurova joue les deux soeurs, l'une maléfique, l'autre lumineuse, ajoutant au trouble de ce film sépulcral. Quant à la chatte qui lui donne son titre, Morgiana, elle est énigmatique, suppôt de Satan ou créature bienveillante ?
L'odyssée du Hindenburg (The Hindenburg, Robert Wise, 1975)
Tu veux de l'aide, zeppelin ? Un film-catastrophe, moui, si l'on veut, pour la dernière demi-heure, en tous cas, réalisée en noir et blanc, et qui se marie parfaitement avec les images d'archives, impressionnantes. Avant cela, pour éviter qu'il ne se passe rien, les scénaristes ont imaginé que l'explosion du Hindenburg était dû à un sabotage, hypothèse certes pas farfelue, mais qui n'en est qu'une parmi d'autres. De cette façon, il y a un peu de suspense, même si on a connu Robert Wise plus efficace dans sa mise en scène. Le film fut surtout une catastrophe sur le plan financier, mais ceci est une autre histoire.
Madame la diablesse (Afrita Hanem, Henri Barakat, 1949)
S'il a réalisé un certain nombre de films engagés, socialement et politiquement parlant, Henri Barakat a aussi signé une foultitude d'oeuvrettes de divertissement pur, intégrant de larges éléments de comédie musicale. Ce cinéma, que l'on a justement appelé Nollywood, ne manque pas de piquant si l'on aime le kitsch et les roucoulades sentimentales. D'autant que la chose est réalisée avec goût, un humour sous-jacent, et que la critique des hypocrisies de la bourgeoisie cairote y est décrite sans aménité. Un thé à la menthe, un narguilé et on se laisse volontiers transporter sur ce moelleux tapis volant.
