Romantique et pharmaceutique (Love, et autres drogues)
Love, et autres drogues, est une tentative
honorable pour sortir la comédie romantique de ses clichés, en ne
tombant pas dans la mièvrerie la plus poisseuse. Bonne résolution, mais
la mission s'avère difficile et, au final, comment éviter le dénouement
bateau : "tout finit bien, ils se marrèrent et eurent beaucoup
d'enfants." ? Avant d'en arriver là, le film, qui aurait dû s'appeler
"Amour, et autres médicaments", pour rester fidèle à son titre
d'origine, emprunte quelques chemins de traverse. La vision de la
politique marketing sans morale des grands laboratoires pharmaceutiques
est percutante ; le côté très sexué de l'histoire est plutôt inhabituel
dans un cinéma américain largement inhibé ; le couple
Gyllenhaal/Hathaway a un charme fou, fou, fou ; l'humour potache est
limite, mais passe bien la rampe. Tout cela fait que le film d'Edward
Zwick n'est pas (seulement) une énième variation sur le dilemme de
l'engagement dans une vie à deux quand on se veut farouchement
indépendants et décidés à le rester. Il y avait donc suffisamment de
sujets à traiter pour ne pas rajouter un élément mélodramatique qui
menace de flanquer l'édifice par terre. Là, avec la maladie de Parkinson
qui s'invite, c'est le syndrome Love Story qui surgit, et le
jaillissement lacrymal concomitant. On évite le pire, cependant, de très
peu. Et le film reste honnêtement divertissant, avec de très bons
moments, et un niveau de qualité suffisant pour peu que l'on soit
d'humeur charitable.