Se gondoler à Venise (The Tourist)
The Tourist est un pur plaisir pour pervers
polymorphe. Vous détestez les blockbusters hollywoodiens aux idées
courtes et aux gros moyens ? Vous trouvez Angelina Jolie et Johnny Depp,
certes talentueux mais agaçants ? Vous n'avez que ressentiment envers
le cinéma américain qui s'obstine à recycler des films européens qui se
suffisent à eux-mêmes ? Cool, enfonçez-vous dans le moelleux de votre
fauteuil de cinéma et appréciez, laissez-vous aller au masochisme de
regarder une oeuvre où tout est calibré, décérébré et aseptisé. Florian
Henckel von Donnersmarck, réalisateur de La vie des autres (un brin
surcoté, celui-ci, non ?) est venu assurer sa retraite et filme Venise
façon carte postale. De quoi se gondoler ! Le suspense est plus éventé
qu'un Beaujolais nouveau du siècle dernier, surtout si on a vu
l'original : Anthony Zimmer (pas mal, d'ailleurs, pour qui aime le
genre) qui possédait le mystère et le charme qui font défaut ici.
Angelina Jolie parade dans de jolies robes et fait admirer son port de
reine. Johnny Depp joue les ahuris sans trop de conviction (il aurait
pas un peu grossi ?) et l'alchimie du couple est aussi torride qu'une
nuit sur la banquise. Le pompon, ce sont les scènes d'action, filmées
avec mollesse, on a le temps de se délecter du panorama vénitien. Bref,
au dixième degré, The Tourist est une parfaite réussite, même si un peu
plus d'humour n'aurait pas fait de mal. Un des meilleurs pires films de
l'année, haut la main.