Taciturne comme la nuit (35 rhums)
Un père élève sa fille, seul ; le soir, un plat de riz suffit à leur appétit ; un chat meurt dans son sommeil ; on s'enivre à l'occasion ; peu de mots échangés mais des silences et des regards qui en disent long. Tiens, un film inédit de Ozu est sorti ? Pas du tout, c'est 35 rhums, le nouveau Claire Denis, une cinéaste rare et inclassable qui, de Chocolat à J'ai pas sommeil, trace sa route en marge de la production française courante. 35 rhums est un film taciturne comme la nuit, peu causant, dans lequel il est facile de ne pas entrer, faute de rythme et d'enjeu palpable. Dommage, parce que cette oeuvre indolente a beaucoup à offrir, dans le registre de la tendresse et de l'humanité. Et pas seulement parce que son héros taiseux est conducteur de RER et noir de peau. La dernière scène, toute simple, recèle tous les secrets du cinéma de Claire Denis, discret et pudique. Ah, désolé, on ne peut s'empêcher de penser une fois encore au ton mélancolique des films de Yasujiro Ozu.

