Tank il y aura des hommes (Lebanon)
En 1982, Samuel Maoz avait à peine 20 ans (comme Ari Folman, le réalisateur de Valse avec Bachir). La première guerre du Liban l'a traumatisé à vie. Ce n'est rien que son expérience, coincé dans un char comme dans un linceul, qu'il filme plus de 25 ans plus tard dans Lebanon. Pas d'analyse politique à l'horizon, pas de compassion pour les victimes, seulement cinq hommes pétrifiés dans un périmètre réduit qui découvrent la peur, la bestialité et l'instinct de survie. En ne filmant que l'habitacle du tank et le champ de bataille à travers son viseur, Maoz ne se contente pas d'user d'un "dispositif" cinématographique, il crée un univers anxiogène, insoutenable, où se mêlent les odeurs d'huile, de sang et d'urine. Les dernières minutes sont les plus impressionnantes quand machine et humains pètent les plombs. Le film quitte alors le réalisme pour aborder les rives de la folie et des ténèbres (là se révèle le vrai talent de cinéaste de Maoz). Impossible de rester de marbre à cette plongée dans ce pandémonium (reste à se demander s'il méritait le Lion d'or à Venise), interdit aux claustrophobes. Non, la guerre n'est pas laide. Elle est abominable. Tank il y aura des hommes ... pour la faire.