Un bol d'alcool de riz (HA HA HA)
Deux amis se retrouvent et boivent en se remémorant leurs (més)aventures
sentimentales dans la même petite ville coréenne. Argument minimal,
mais on a l'habitude avec Hong Sang-soo, cinéaste ironique et gaiement
désabusé. HA HA HA est bien meilleur que Les femmes de mes amis, son
film précédent, quoiqu'on serait bien en peine de préciser pourquoi. Le
parti pris, peut-être, de ne nous montrer les deux héros conversant
qu'en photos noir et blanc, leurs voix off commentant à tour de rôle
leurs histoires séparées. Pas si éloignées que cela, d'ailleurs, puisque
le spectateur, et lui seul, c'est le côté ludique de la chose,
s'aperçoit que les récits se frôlent souvent, avec une jeune femme qui
leur est commune. Le cinéma de Hong est faussement banal et détaché,
très aérien, évoquant à la fois Rohmer et Truffaut, dans sa façon de
paraître léger avec une mélancolie souterraine. Les hommes du film sont
de grands adolescents vaguement couards, vaguement instables, vaguement
oisifs, vaguement tout, en fait. Les femmes sont plus adultes et
directes et leur seul défaut est d'être un peu trop indulgentes vis à
vis de leurs compagnons. Le cinéaste s'en amuse de façon narquoise, et
nous pareil. On boit pas mal dans HA HA HA, et l'ivresse des personnages
est au diapason de ce film qui virevolte comme un papillon dans une
pièce fermée, en se heurtant parfois aux fenêtres, sans trop se faire
mal. Vous reprendrez bien un petit bol d'alcool de riz ?