Un océan de perplexité (La clé de l'abîme)
Roman futuriste et hommage au grand maître de la S.F, H.P L. (il parait qu'il faut garder secret son nom (?)), La clé de l'abîme de José Carlos Somoza provoque des sentiments totalement contradictoires. D'une part, l'admiration devant sa capacité à créer un monde futur (crédible) très lointain du notre mais qui a conservé certains de ses éléments. On pense alors à un mélange étonnant entre Jules Verne (Voyage au centre de la terre) et les BD des excellents Schuiten et Peeters. Cet univers, d'une richesse et complexité incroyables, est gouverné par la peur (de Dieu) et tous les dialogues et débats sur l'existence ou non du Créateur sont passionnants. Mais, d'autre part, l'accumulation de scènes d'action frise parfois l'overdose et l'impression d'être dans une série B fantastique (genre Roger Corman) atténue l'enthousiasme. Le pire étant ces (nombreuses) fins de chapitre du style "En se retournant, ce qu'il vit lui glaça les sangs" qui donnent le sensation de se retrouver dans le dernier Ruiz Zafon. On dira que c'est voulu et que Somoza joue avec les codes de la SF mais tout de même (soupir). Le lecteur reste donc déconcerté devant ce livre monstrueux tout en étant séduit par la maîtrise de l'auteur. Comme dans tout bon roman fantastique, au-delà des péripéties aventureuses, c'est le questionnement sur notre propre époque qui est intéressant. La religion, l'éthique, les progrès de la science, l'écologie, entre autres, sont au coeur d'une oeuvre qui nous plonge dans un abîme de perplexité. C'était le but ? Alors, c'est (en partie) réussi.