Une ombre du passé (Le reste est silence)
Au fond, c'est toujours un peu la même histoire : nous croyons tout connaître de ceux avec lesquels nous vivons, mais ce n'est qu'une illusion. Avec Le reste est silence, Carla Guelfenbein confirme tout le bien que l'on peut penser de cette romancière chilienne, qui écrit mezza voce, et explore avec délicatesse la part d'ombre de chacun de ses personnages. Le livre donne alternativement la parole à un garçon de 12 ans, à son père et à la compagne de celui-ci. Ils ont chacun leurs secrets intimes et une sorte d'incapacité à aimer. Davantage qu'une ombre, la figure de la mère, suicidée dix ans auparavant, hante les pensées de son mari et de son fils, surtout de ce dernier qui apprend peu à peu sa véritable histoire. Bâti comme un thriller psychologique, Le reste est silence est constamment en équilibre instable sur le fil du passé, avec les non-dits et les oublis protecteurs qui conduisent vers une issue dramatique. Il y a de la grâce et de la cruauté à la fois dans ce récit où toutes les assurances de cette famille recomposée se fissurent progressivement comme un pare-brise sous l'impact d'un modeste caillou.