Une vérité non travestie (Mourir comme un homme)
Joao Pedro Rodrigues est un cinéaste rare : O Fantasma en 2000, Odete en 2005, Mourir comme un homme en 2009. Rodrigues est un cinéaste exigeant, dont les films sont des labyrinthes existentiels, qui excluent toute facilité et qu'il est confortable de rejeter en bloc du fait de leur construction en apparence chaotique. Mourir comme un homme possède un style indéfinissable entre l'opéra baroque et la telenovela avec une esthétique parfois sidérante (les scènes de forêt). Fassbinder est la référence la plus immédiate mais dans une version portugaise où la religion, la magie, le sexe et la trivialité se mélangent dans une tragédie allégée parfois de scènes de comédie populaire. Le héros est un travesti vieillissant qui pourrait être pathétique (intelligemment, jamais Rodrigues ne le montre sur scène), il n'est qu'un homme (une femme ?) faible et désemparé. S'il y a une chose que le réalisateur a réussi à capter dans ce film fascinant, irritant, languissant, mortifère, c'est bien que la vérité de notre condition humaine, elle, ne peut être travestie.