Carnaval de sang (Comptine pour l'enfant-soldat)
Ce n'est pas le premier roman à évoquer le sort
des enfants-soldats africains. Ce n'est pas le plus réussi, non plus.
Court récit de moins de 200 pages, le livre du nigérian Chris Abani est
le chant dans le nuit (titre original : Song for Night) d'un garçon à la
dérive, plus mort que vif, qui n'a connu que l'horreur depuis
l'assassinat de son père dans un pays livré à la guerre civile et
religieuse. Comment concilier lyrisme et réalisme cru, c'est visiblement
le but d'Abani dans Comptine de l'enfant-soldat comme dans Le corps
rebelle d'Abigail Tansi. Le récit n'est qu'un cri, intérieur puisque
l'enfant n'a plus de cordes vocales, dont l'écho ne dit que souffrances,
ressenties ou infligées à d'autres. Narrée à la première personne,
l'histoire de cet enfant-soldat est une succession d'atrocités, à peine
allégée par de brefs moments de tendresse. Un carnaval de sang et de
haine assez difficilement supportable.