Coco charnelle ? (Coco avant Chanel)
Qualité française : si ce label signifie encore quelque chose dans le domaine du cinéma, alors Coco avant Chanel le mérite haut la main. Tout, dans le film de Anne Fontaine, respire la classe et l'élégance : décors, costumes, dialogues. Petite femme indépendante, Gabrielle Chanel s'ennuie dans les mondanités, elle qui a, depuis longtemps, jeté son corset par-dessus les moulins. D'un classicisme intégral, la mise en scène peine pourtant à tracer le portrait d'une femme émancipée. La lippe perpétuellement boudeuse d'Audrey Tautou est à l'image d'un film qui ne raconte pas grand chose mais le fait bien. Les interprétations de Poelvoorde, Gillain et Devos donnent un peu de vie à ce portrait figé d'une Coco qu'on aurait aimé plus charnelle et moins contemplative. Celle qui fut une fourmi tout au long de sa vie n'est ici qu'une cigale qui ronge son frein et ne rêve que de s'affranchir. Le plus passionnant de la vie de Coco commence finalement après le film, avec les controverses et les liaisons dangereuses que l'on connait. Tel quel, Coco avant Chanel nourrit la légende et évite toute polémique. Qualité française, vraiment, avec l'aval de la maison mère, qui n'aura pas de retouches à faire dans ce film prêt-à-penser bien lisse et consensuel (mais joli).
