Du bon, du Bo Widerberg

Né en 1930 à Malmö, Bo Widerberg est venu au cinéma par le journalisme et la critique. Son livre, Vision du cinéma suédois, fit grand bruit, d'autant qu'il s'en prenait sans ménagement à l'icône Bergman, coupable de "monopole". Devenu cinéaste, il est difficilement classable, n'hésitant pas à choquer, de la description de grandes grèves (Adalen 31), à la satire du football professionnel (Tom Foot). Il est décédé le 1er mai 1997.


Elvira Madigan (1967)
En 1889, le comte Sixten Sporre, lieutenant de l'armée suédoise, abandonne femme et enfants et déserte pour s'enfuir avec Elvira Madigan, funambule renommée. Quelques mois plus tard, les amants se suicident. Widerberg prend prétexte de ce fait divers (qui a eu lieu une trentaine d'années plus tôt) pour réaliser l'un des films les plus romantiques de l'histoire du cinéma. D'une beauté à couper à souffle, avec un montage audacieux, le film est une sorte d'hymne panthéiste et élégiaque, qui n'a que peu d'équivalent (Terrence Malick, Jane Campion ?). La musique de Mozart (le 21ème concerto pour piano) et de Vivaldi fit aussi beaucoup pour le succès du film, devenu culte au fil des années. La beauté de son actrice principale, Pia Degermark, prix d'interprétation à Cannes, ajoute au ravissement qui vous saisit à la vision de cette merveille.


Le quartier du corbeau (Kvarteret korpen, 1963)
Un jeune homme cherche à échapper à l'étouffant milieu familial avec un père alcoolique et un mère qui se tue au travail, en devenant écrivain. Pour réaliser son ambition, il n'hésite pas à abandonner une jeune femme enceinte et à gagner la capitale suédoise.
Le synopsis annonce un film sombre, c'en est un. Pas sordide, pour autant, et fortement ancré dans l'époque qu'il décrit (la Suède de 1936) avec la présence d'un parti national-socialiste qui guigne le pouvoir. Un film fruste et désabusé dont le style rappelle parfois le Loach des premières années.


Un flic sur le toit (Mannen pa taket, 1976)
Film tiré du roman L'abominable homme de Säffle du duo Sjöwahl/Wahlöö. Une première partie plutôt tranquille, qui sera familière aux amateurs de polar nordique : enquête qui piétine, rivalité entre flics, fatigue et vieillissement prématuré de ces mêmes flics etc. Les 3 derniers quarts d'heure sont de la pure adrénaline, dans un style réaliste proche d'un Lumet. Sous-jacente, la question du contrôle des forces de l'ordre dans une démocratie occidentale et les dérives policières possibles. Widerberg reste fidèle aux règles du thriller et propose une réflexion politique en plus. Un film de genre qui est devenu une référence dans le cinéma scandinave



04/10/2010
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