Moisson de vieux films (Janvier/6)

Les clés du royaume (The Keys of the Kingdom, John Stahl, 1944).
Le roman de A.J Cronin date de 1941, son adaptation voit le jour 3 ans plus tard. John Stahl est un bon choix pour réaliser cette histoire de missionnaire en Chine que certains jugeront sans doute datée et lénifiante. Expert ès mélodrames, Stahl n'en rajoute pas dans le sentimentalisme, conscient d'avoir une intrigue suffisamment riche et surtout un personnage hors du commun à sa disposition (auquel le grand Peck donne toute son humanité). Les grands sentiments sont de sortie : bonté, respect, tolérance, toutes ces valeurs qui donnent parfois un côté académique au film. Mais la modestie de la mise en scène, qui colle parfaitement au sujet, rend plus que touchantes les dernières scènes de cette oeuvre au coeur pur.


Ordres secrets aux espions nazis (Verboten, 1959).
Trois éclaireurs américains entrent dans une ville frontière allemande pour éradiquer des tireurs isolés avant l'arrivée du gros de la troupe. Deux sont tués par un sniper et le troisième est blessé avant de trouver refuge chez une femme allemande et son frère, un adolescent qui croit encore à la lutte armée...
Fuller, comme souvent (Naked kiss), livre une scène d'ouverture d'anthologie : les combats, dans une ville une ruine, sont rythmés par la Vème de Beethoven. La suite est plus aléatoire mêlant le très bon au franchement moyen, avec cette histoire de membres des jeunesses hitlériennes qui luttent pour bouter l'armée d'occupation américaine hors d'Allemagne et, accessoirement, renouer avec le régime nazi. Ca ne tient pas toujours la route à cause de grandes faiblesses dans l'écriture et quelques raccourcis hasardeux quant à l'attitude de la population allemande dans l'immédiat après-guerre. Sur le plan technique, le film laisse parfois à désirer et l'insertion d'archives (dont une du procès de Nuremberg) ajoute au caractère chaotique du film. Mais, bon, c'est du Fuller pur jus, viscéral, primitif, choquant. Donc à voir, même si ce n'est pas son meilleur, par tous les amateurs du cinéaste.

Trois films de Helmut Käutner, cinéaste le plus important de l'Allemagne des années cinquante. Je conseille particulièrement Le général du diable et Louis II de Bavière (qui est très éloigné de celui de Visconti).


Ciel sans étoiles (Himmel ohne Sterne, 1955).
Une histoire d'amour entre une ouvrière est-allemande et un policier ouest-allemand. Ils vivent de chaque côté de la frontière, à une époque (le début des années 50) où elle était encore poreuse. Le film, qui va au-delà de la romance, montre alternativement et sans souci de propagande la vie quotidienne en RFA et RDA. Il s'attache surtout aux drames humains qui se nouent avec une absence totale de pathos. La mise en scène, comme dans les films de guerre de Käutner, est étonnamment douce (très beau noir et blanc) et font un singulier contraste avec la tragédie qui s'annonce.

Le dernier pont (Die letzte Brücke, 1954).
Une infirmière allemande est capturée par des partisans yougoslaves et "obligée" de soigner leurs malades. Käuntner, en ennemi du manichéisme, n'a cessé de filmer des personnages dont les certitudes s'effritaient au fur et à mesure. Le scénario, ici encore, est d'une complexité rare et c'est tout le talent du réalisateur que d'éclairer les zones d'ombre. Comme souvent, Käutner réserve une fin tragique à son héroïne, alors que tout laissait envisager un happy end. Troublant.

Monpti (1957).
Käutner filme Paris. A première vue, une bluette assez banale, inutilement compliquée par des artifices scénaristiques. Le film, qui se veut un hommage au René Clair de Sous les toits de Paris, vaut surtout pour le couple Horst Buccholz/Romy Schneider.




31/01/2010
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