Une armée de pantins en déroute (Les greffiers du diable)
Les greffiers du diable, de Vilma Fuentes,
commence de façon on ne peut plus factuelle. Son personnage principal :
un journaliste mexicain d'investigation, obligé de quitter son pays, du
moins pour un temps, car menacé de mort. Nous voici embarqués dans un
roman politique et critique, dont l'acidité est le carburant essentiel.
Passé le premier tiers du livre, notre héros se retrouve à Paris et va
fréquenter la petite communauté mexicaine en exil, qui gravite autour de
la figure très charismatique et énigmatique de l'ancien président de la
république, un certain Icaro Guzman. A partir de là, le roman délaisse
le journaliste et passe d'un personnage à un autre, tantôt dans un style
très réaliste, tantôt dans une évocation trouble et flottante, qui
flirte avec le fantastique. C'est une armée de marionnettes en déroute
que nous décrit Vilma Fuentes, des pantins exsangues dont la seule
raison d'exister est de croiser le chemin de Guzman. Le roman alterne le
bon, des dialogues acérés et cinglants, et l'ennuyeux, de longues pages
dont on se demande si elles n'appartiennent pas à des existences rêvées
plutôt que vécues. Ce flou artistique, volontairement entretenu,
brouille un peu la perception du lecteur, qui, de temps à autre, se perd
dans ce labyrinthe narratif, aux qualités littéraires avérées mais
parfois stériles.