En France profonde (Mammuth)
Gueule de cocker triste sur un corps de pachyderme fatigué. Dans Mammuth, Depardieu est énorme et écrase la bêtise humaine comme autant de cafards. Le film de Délépine/Kervern, avec ses personnages de France profonde d'une stupidité sans bornes (hormis les personnages féminins) est-il tendre ou cynique ? Comme d'habitude, chacun se fera sa propre religion et détestera ou adorera ce portrait au vitriol des habitants d'un pays pas très bling bling. Certaines scènes sont tordantes mais faut-il en rire ou en pleurer ? Quand les réalisateurs s'éloignent du réalisme social, il leur arrive de dériver dans des zones d'ordinaire peu fréquentées par notre cinéma, comme si Magritte s'était mis à filmer plutôt qu'à peindre. Son image granuleuse, les apparitions fantomatiques d'Adjani, l'extraordinaire pureté naïve du jeu de Miss Ming, font de Mammuth un film à part dont on peut critiquer l'esprit mais pas la cohérence, dût-il faire grincer quelques dents.
