Erratique héros (Sukkwan Island)
Sukkwan Island de David Vann a très bonne presse. On loue volontiers son "suspense insoutenable" et sa capacité à faire basculer le récit aux confins de la folie. D'accord, mais on a le droit également de ne pas aimer le livre, pas du tout même. Question de style d'abord,
descriptif et rachitique, sonnant bizarrement faux dans sa
prétendue simplicité. Et comme on ressent une antipathie immédiate pour le "héros"
et son comportement erratique, cela ne fait qu'amplifier les choses.
D'autant que les 100 premières pages rappellent les plus beaux
passages des Saisons de la solitude, de Joseph Boyden, où un type reste isolé au nord du
Canada tout un hiver. Et raconté de telle façon (le récit est ample et
poétique) que la comparaison avec Sukkwan Island est au détriment de ce
dernier, et pas qu'un peu. Concernant la tragédie de la page 113, difficile d'y croire un seul instant et on peut y voir un truc malhonnête et
gratuit de romancier qui veut bouleverser (choquer) son monde. Les pages
qui suivent s'étirent en longueur et aucun sentiment
d'empathie n'est possible avec le héros évoqué plus haut. Un seul désir alors : vivement que tout se termine, et mal
de préférence. Il ne reste en définitive qu'un vague malaise et l'envie de passer à
autre chose.

