La pureté d'une opale (Des filles en noir)

Il arrive parfois d'aimer un film pour ses défauts mêmes et d'avoir envie de le défendre becs et ongles, parce qu'il est fragile et critiquable, parce qu'il vous touche profondément et qu'il a des résonances intimes que vous ne soupçonniez pas.
Des filles en noir est, a priori, un film sur le suicide juvénile. Mais Le sujet ne se résume pas à cet énoncé brutal. Le réalisateur, Jean-Paul Civeyrac, le relie à une époque sans rêves, à un contexte social sans espoir. Noémie et Priscilla sont en quête d'absolu. Qu'elles ne trouvent nulle part. Autour d'elles que des vies qu'elles jugent étriquées et laides, rien qui justifie de continuer à (sur)vivre. Il est honnête de dire que le cinéaste peine parfois à décrire ce qui meut les deux jeunes filles, d'où vient leur révolte, et ce qui les pousse vers le vide. Mais, il essaie. Le fil est ténu. Le rythme est tenu.
La mise en scène, d'une douceur étonnante, ne relâche jamais son étreinte. Les plans dialogués sont courts, les scènes de silence, axées sur les visages des jeunes filles, se prolongent. Là est la clé, pour comprendre, tenter de comprendre, plutôt, l'indicible. Les deux actrices débutantes sont magnifiques, tout en tension et intensité grave. Là encore, leur jeu est sur le fil du rasoir, il faudrait peu pour qu'il verse dans le grotesque. Il est presque toujours bouleversant.
D'autres éléments viennent se greffer sur le thème central : l'amitié quasi amoureuse qui unit ces adolescentes, leur même soif de beauté, de romantisme morbide (voir la citation de Von Kleist). Et puis, la musique, source de guérison envisageable. S'il n'est pas trop tard.
Des filles en noir est une oeuvre farouche, singulière, austère, dont la pureté rappelle certaines opales. Noires, évidemment.



04/11/2010
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