La sexualité des sexagénaires (Les petits ruisseaux)
Son titre bucolique, Les petits ruisseaux, fait craindre du premier long-métrage de Pascal Rabaté, une ode à la douceur de vivre provinciale, un objet vaguement démagogique comme un film de Jean Becker. Son sous-titre Sexe, drogue et rockn'roll, avec un héros de 70 ans, fleure plutôt la provocation, et on se demande bien comment le metteur en scène va concilier ces deux versants. Auteur de BD, Rabaté excelle dans le croquis, dans les scènes courtes, les silences et les dialogues ramassés. Il a, comme prévu, plus de mal à trouver un rythme et il n'assume qu'en bout de course son véritable thème : la sexualité des sexagénaires (et plus si affinités). Qu'on se le dise, ce n'est pas un film sur le bonheur, mais sur la volonté de trouver des raisons de vivre encore et de goûter les plaisirs de l'existence, fussent-ils "indécents" pour une vieille personne. Dans le registre du veuf mélancolique tenté par l'épicurisme, Daniel Prevost excelle et comble par sa seule présence les quelques lenteurs du récit.