Une histoire saturée de souffrances (Precious)

Precious est une adolescente déjà mère et à nouveau enceinte, à 16 ans. Elle est 1. Obèse, 2. Noire, 3. Séropositive, 4. Analphabète, 5. Violée par son père, 6. Battue par sa mère. Livre culte, Push racontait cette histoire vraie (une mention synonyme désormais de marketing) en essayant d'éviter misérabilisme et angélisme. L'adaptation au cinéma posait évidemment problème puisqu'il ne s'agissait plus de dire mais de montrer. Et le mélodrame de devenir inévitable, non ? Avec un vernis d'espoir au final pour éviter le récit déprimant et sans avenir possible. Nanti d'un point de départ pareil, Lee Daniels s'en tire plutôt bien, dans un film plus rageur que glauque, teinté de fantaisie onirique, manière de respirer un peu dans le quotidien abominable de Precious. Et c'est cette absence de commisération condescendante qui protège le film de tout débordement lacrymal et lui confère une sorte de dignité fondée sur la colère et le refus de la soumission. Avec un tel sujet, l'interprétation se devait d'être exceptionnelle : elle l'est, et pas seulement celle de Precious (Mo'Nique, qui incarne sa mère, a obtenu un Oscar mérité). Bien que pris en otage par une histoire saturée de souffrances, le spectateur n'a pas l'impression d'être contraint de compatir et de s'apitoyer. En soi, c'est déjà un exploit.



08/03/2010
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