Le dernier poulain d'Amélie (Une forme de vie)

Oyez, oyez la bonne nouvelle : le dernier poulain d'Amélie est bon, comprenez que le Nothomb 2010, Une forme de vie, nous réconcilie avec la romancière après un millésime 2009, Le voyage d'hiver, qui s'apparentait à de la piquette.
Ce nouvel opus est familier, guère épais (ce n'est toujours pas Guerre et paix), plus proche de la longue nouvelle que du court roman et truffé de mots savants pour épater la galerie. Opistographie, quel joli mot à placer dans un dîner en ville, n'est-il pas ? Amélie est une graphomane impénitente, cela on le savait déjà, et la correspondance régulière qu'elle entretient avec ses lecteurs lui a donc donné l'idée d'un roman. Egocentrisme ? Tout à fait, mais assumé, et qui se teinte d'une auto-dérision bienvenue et d'un humour réjouissant.
Au-delà de ses considération, plus profondes qu'il n'y parait, sur l'art épistolaire, l'aspect fictionnel d'Une forme de vie a aussi son intérêt. Qui d'autre que Nothomb aurait pu inventer ce personnage de soldat américain en Irak qui a fait de son obésité un symbole de résistance avant de la transformer en oeuvre d'art potentielle (sic) ? Cela nous vaut quelques pages monstrueuses sur le gavage volontaire de drogués de la nourriture. On se demande bien où Nothomb veut nous emmener avant qu'elle n'auto-détruise son argument, en une pirouette qui ressemble à un hara-kiri. Plus fort encore, elle flingue la totalité de son histoire dans les dernières pages qui frisent le grand n'importe quoi. C'est une manipulation éhontée de sa horde de lecteurs qui n'en peuvent mais et, en creux, une invitation à réfléchir sur notre propre crédulité. En août 2011, Amélie Nothomb publiera son vingtième roman. On attend un grand cru !



19/09/2010
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