Les feux de l'amour (Encore un baiser)
Dans Juste un baiser (2001), ils avaient la
trentaine insouciante. 9 ans plus tard, dans Encore un baiser, ils ont
la petite quarantaine (surprise !) et pas mal de soucis. Une bande de
potes qui s'offre une crise générationnelle gratinée, ça ne vous
rappelle pas quelque chose ? Les petits mouchoirs, version transalpine ?
Si, ma non troppo. Ces amis sont rarement tous ensemble et le montage
parallèle qui fait leurs histoires s'entrecroiser à toute berzingue
donne un rythme effréné aux baisers que n'ont pas les mouchoirs. Ca dure
2 heures 20 et on n'a pas le temps de s'ennuyer, tellement il s'en
passe, des choses. Ce qui rapproche les deux films, ce sont leurs
défauts, en particulier cet égocentrisme forcené et sentimental qui
gomme quasiment tout autre aspect, social par exemple. Chez Muccino, les
quadras sont beaux, aisés, parlent la plus belle langue du monde avec
naturel (normal pour des italiens) et sont bien malheureux dans leur vie
amoureuse. Et que je te quitte, alors que je t'aime encore, et que je
reviens enceinte des oeuvres d'un tiers, et que bon, finalement, même si
tu me fais souffrir, tu es l'homme de ma vie, donc, je reviens etc.
Parfois, on a l"impression d'être dans un épisode des Feux de l'amour
dopé aux hormones. Ah oui, n'oublions pas celui qui dans la bande ne va
pas bien et qui, c'est écrit, va mal finir. Un enterrement, pas loin de
la fin, c'est la note tragique qui va faire se décanter quelques
situations inextricables (encore un point commun avec vous savez quel
autre film). Tout cela ne manque pas de vista et, occasionnellement, de
grâce, mais cruellement d'humour, ce qui est inhabituel dans le cinéma
italien. Muccino, qui s'est bien planté dans sa furtive carrière
américaine (A la recherche du bonheur, Sept vies), a retrouvé une partie
de ses moyens dans sa mère patrie. Son cinéma reste toutefois gâché par
un sentimentalisme aigu, et ce n'est pas nouveau. On se retrouve dans
dix ans, pour la crise de la cinquantaine ? Euh, faut voir, quand même !