Métastases d'amour (Le bruit des glaçons)
La bande-annonce ment par omission (on y voit uniquement des scènes de la première partie du film). Le plan marketing itou, qui laisse accroire que le sens du comique absurde de Blier fait son grand retour. Non, Le bruit des glaçons se sert d'un dispositif et de recettes déjà éprouvés (répliques face caméra, monologues et situations surréalistes, langue verte jugée vulgaire par ses détracteurs, théâtralité assumée) mais ce n'est pas une comédie. On y est plus souvent au bord des larmes que du sourire et le drame est noir, dérangeant : c'est un corps à corps entre la mort et la vie et le combat sera rude. Elements relativement nouveaux dans le cinéma de Blier : l'attendrissement et l'espoir, autrement dit l'irruption de l'amour dont les métastases sont plus qu'un baume : un véritable remède. Le malentendu né de la promotion du film qui insiste sur l'affrontement Dujardin/Dupontel (parfaits tous les deux, mais ce n'est pas une surprise) risque de déconcerter plus d'un spectateur qui va découvrir que le personnage le plus important est celui d'Anne Alvaro, soit la bonne, celle qui n'est qu'une ombre, a priori sans importance, et qui pourtant possède tous les clés, y compris celle de la guérison. Quoi qu'il en soit, avec ses 71 ans, Blier démontre qu'il est le seul cinéaste aujourd'hui capable de "niquer" la mort sans prendre de gants. On aime ou on n'aime pas, mais on respecte.