Moisson de vieux films (Février/2)
Le passage du Rhin (André Cayatte, 1960)
En 40, deux soldats français sont faits prisonniers et vont travailler dans une ferme allemande. L'un fuit et entre dans la Résistance, l'autre reste et retrouve une famille. Destins croisés et parallèles dans ce film bien écrit (Pascal Jardin fait partie des co-scénaristes) et bien construit. Pas de manichéisme et une vision assez neuve à l'époque de la vie de la population allemande durant la guerre. Cayatte n'est malheureusement pas assez bon metteur en scène pour donner toute son ampleur au sujet. Aznavour, lui joue sa partition sans une seule fausse note. Un grand petit acteur (aussi).
Carrefour (Kurt Bernhardt, 1938)
Devenu amnésique pendant la guerre, un homme se voit confier un faux mais glorieux état civil. Après vingt ans, il subit les assauts d'un maître chanteur. Il prend alors conscience de sa propre imposture.
Kurt (puis Curtis) Bernhardt a entamé une belle carrière en Allemagne avant de rejoindre la France en 33 puis les Etats-Unis en 40. Carrefour est un film noir avant la lettre, qui a pas mal vieilli, mais reste intéressant pour l'interprétation de Vanel et son thème souvent repris par la suite (le changement d'identité en endossant la personnalité d'un mort).
La vena d'oro (Mauro Bolognini, 1955)
Maria, mère et veuve à vingt ans, a dédié sa vie à son fils Corrado. Tombée amoureuse d'un archéologue, elle va devoir tempérer les accès de jalousie de Corrado. Avec un argument digne d'un roman-photos, on ne donnait pas cher de ce Bolognini. Surprise, la réalisation pudique lui donne un côté viscontien (en moins bien, quand même) pas désagréable du tout. Et c'est l'occasion de voir la magnifique actrice suédoise Märta Torén qui mourra en 1957, à peine âgée de 31 ans.
La corruption (La corruzione, Mauro Bolognini, 1963).
Bolognini, suite.... Le père est un grand éditeur (Alain Cuny), le jeune fils (Jacques Perrin) veut entrer dans les ordres. Ca fait désordre. Ce dernier perdra son innocence, ses illusions et sa virginité au contact d'une gouleyante jeune femme (Rosanna Schiaffino). Un film glacial sur le cynisme de la bourgeoisie et sur une Italie de plus en plus matérialiste. Comme le dit un des personnages "Ce pays n'a plus d'idées. Il a de l'électroménager." Petit à petit, je commence à apprécier le cinéma de Bolognini.
Alphaville (1965).
Il arrive que la réalité soit trop complexe pour la transmission orale. Ainsi commence le neuvième film de Jean-Luc Godard, Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution, film d'anticipation où le célèbre agent secret Lemmy Caution sort des comédies-policières de Bernard Borderie pour plonger en apnée dans l'univers noir et glauque de Godard qu'il décrivait lui-même comme étant « un film sur le futur, mais comme nous vivons dans le futur, c'est un film au futur antérieur, c'est-à-dire au présent.
On a bien compris qu'il s'agissait d'une métaphore sur la déshumanisation de la société (HLM = Hôpital de longue maladie) mais que de figures de style pour faire passer le message. Bien sûr, il est fascinant de voir un réalisateur violer ainsi la grammaire cinématographique ; bien sûr, il est agréable de voir Anna Karina filmée avec tant d'amour mais Dieu que le propos est abscons. De là à se demander si c'est de l'art ou du Caution ?
En 40, deux soldats français sont faits prisonniers et vont travailler dans une ferme allemande. L'un fuit et entre dans la Résistance, l'autre reste et retrouve une famille. Destins croisés et parallèles dans ce film bien écrit (Pascal Jardin fait partie des co-scénaristes) et bien construit. Pas de manichéisme et une vision assez neuve à l'époque de la vie de la population allemande durant la guerre. Cayatte n'est malheureusement pas assez bon metteur en scène pour donner toute son ampleur au sujet. Aznavour, lui joue sa partition sans une seule fausse note. Un grand petit acteur (aussi).
Carrefour (Kurt Bernhardt, 1938)
Devenu amnésique pendant la guerre, un homme se voit confier un faux mais glorieux état civil. Après vingt ans, il subit les assauts d'un maître chanteur. Il prend alors conscience de sa propre imposture.
Kurt (puis Curtis) Bernhardt a entamé une belle carrière en Allemagne avant de rejoindre la France en 33 puis les Etats-Unis en 40. Carrefour est un film noir avant la lettre, qui a pas mal vieilli, mais reste intéressant pour l'interprétation de Vanel et son thème souvent repris par la suite (le changement d'identité en endossant la personnalité d'un mort).
La vena d'oro (Mauro Bolognini, 1955)
Maria, mère et veuve à vingt ans, a dédié sa vie à son fils Corrado. Tombée amoureuse d'un archéologue, elle va devoir tempérer les accès de jalousie de Corrado. Avec un argument digne d'un roman-photos, on ne donnait pas cher de ce Bolognini. Surprise, la réalisation pudique lui donne un côté viscontien (en moins bien, quand même) pas désagréable du tout. Et c'est l'occasion de voir la magnifique actrice suédoise Märta Torén qui mourra en 1957, à peine âgée de 31 ans.
La corruption (La corruzione, Mauro Bolognini, 1963).
Bolognini, suite.... Le père est un grand éditeur (Alain Cuny), le jeune fils (Jacques Perrin) veut entrer dans les ordres. Ca fait désordre. Ce dernier perdra son innocence, ses illusions et sa virginité au contact d'une gouleyante jeune femme (Rosanna Schiaffino). Un film glacial sur le cynisme de la bourgeoisie et sur une Italie de plus en plus matérialiste. Comme le dit un des personnages "Ce pays n'a plus d'idées. Il a de l'électroménager." Petit à petit, je commence à apprécier le cinéma de Bolognini.
Alphaville (1965).
Il arrive que la réalité soit trop complexe pour la transmission orale. Ainsi commence le neuvième film de Jean-Luc Godard, Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution, film d'anticipation où le célèbre agent secret Lemmy Caution sort des comédies-policières de Bernard Borderie pour plonger en apnée dans l'univers noir et glauque de Godard qu'il décrivait lui-même comme étant « un film sur le futur, mais comme nous vivons dans le futur, c'est un film au futur antérieur, c'est-à-dire au présent.
On a bien compris qu'il s'agissait d'une métaphore sur la déshumanisation de la société (HLM = Hôpital de longue maladie) mais que de figures de style pour faire passer le message. Bien sûr, il est fascinant de voir un réalisateur violer ainsi la grammaire cinématographique ; bien sûr, il est agréable de voir Anna Karina filmée avec tant d'amour mais Dieu que le propos est abscons. De là à se demander si c'est de l'art ou du Caution ?