Moisson de vieux films (Novembre/3)


Nana (Jean Renoir, 1926)
Une grosse production, très ambitieuse, d'un Renoir qui souhaitait s'inspirer du style de mise en scène de Von Stroheim. Ce fut un énorme échec public et financier. L'un de ses biographes, Raymond Durgnat écrivait : "Le film porte les traces des incertitudes stylistiques dont souffrait le cinéma français de l'époque, déchiré entre l'exemple américain, l'exemple allemand, la culture de la bourgeoisie française et les obligations de plaire à un large public." Très juste, le film, bien que brillant par périodes (le French cancan), est insatisfaisant du point de vue artistique. La fidélité au roman de Zola n'est pas à remettre en cause, c'est davantage une question de rythme (le film fait 2h30) et de conduite du récit, assez sage, en fin de compte. L'interprétation de Catherine Hessling est loin d'être convaincante. Il est évident qu'elle n'a pas le talent d'une Louise Brooks, d'une Mary Pickford ou d'une Greta Garbo.

La fille de l'eau (Jean Renoir, 1924)
Premier film de fiction de Jean Renoir. Grande maîtrise de la mise en scène qui passe d'un extrême à l'autre, du réalisme à l'onirisme, du mélodrame à la farce. C'est un peu déconcertant, d'autant que l'on sent aussi bien l'influence de l'impressionnisme, dans la "capture" des paysages que celle de l'avant-garde, avec une utilisation remarquable d'effets spéciaux. Le récit, simple au demeurant, devient, sous la caméra de Renoir, une oeuvre complexe et d'une grande richesse. Catherine Hessling, dernier modèle d'Auguste Renoir, joue le rôle principal. Elle aussi est changeante dans son interprétation, jusqu'à l'outrance.

L'actrice et le poète (Joyû to shijin, Mikio Naruse, 1935)
On a beau avoir les yeux de Chimène pour le cinéma de Mikio Naruse, il est difficilement concevable de considérer ce film comme l'un des meilleurs du maître. En 1935, il tourne pas moins de 5 longs-métrages et celui-ci semble un peu réalisé à la va-vite et, sans doute, alimentaire. C'est une comédie pure, sur les relations de voisinage et la vie domestique. L'actrice et le poète du titre, mari et femme, s'aiment d'amour tendre, mais elle est très prise par son métier et lui, joue le rôle de l'homme au foyer. Ce qui nous vaut quelques scènes croquignolettes, dont une scène de ménage et une soirée-bière avec le voisin qui se termine en saoûlographie très poussée. Tout cela est bien gentil, mais le scénario reste assez pauvre et sans enjeu véritable. Un Naruse pas indispensable, donc, sauf pour les inconditionnels.

Rapt (Hunted, Charles Crichton, 1952)
Charles Crichton est plutôt connu pour ses comédies (De l'or en barre, Un poisson nommé Wanda). Mais dans les années 50, le passage par le film noir, version britannique, est quasi-obligatoire. Le scénario est un peu limité (un meurtrier et un petit garçon fugueur sont pourchassés par la police) pour maintenir plus qu'un intérêt poli à ce film d'un grand classicisme dans sa forme. Le jeune Dirk Bogarde montre déjà un talent achevé.


Le chemin de Rio (Robert Siodmak, 1937)
Moréno, rabatteur pour le compte de Blanco, un trafiquant de filles, désire se venger de son patron qui a causé le suicide de sa maîtresse. Il réussit à envoyer la fille de Blanco dans une maison de prostitution à Rio. Connu aussi sous le titre de Cargaison blanche, ce film est sans conteste le pire de la carrière française de Siodmak. On s'ennuie ferme devant le déluge de clichés et la tentative de donner un rythme comique à cette histoire de traite des blanches. Un naufrage dans lequel Dalio et Jules Berry jouent leurs rôles de crapules sans conviction.



21/11/2010
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