Moisson de vieux films (Mai/5)


Placido (Luis Garcia Berlanga, 1961)
Meilleur cinéaste de l'époque franquiste, Berlanga faisait passer ses messages en contrebande par le biais de la comédie noire (aussi corsée que l'italienne). Ici, les riches familles d'un petit village accueillent le soir de Pâques les plus pauvres de leurs concitoyens, pour dîner. Cynisme et dialogues croustillants sont au menu. Une critique féroce du régime, si subtile que la censure n'y vit que du feu (?). Le film fut nommé à l'Oscar du meilleur film étranger, l'année où Bergman l'emporta avec A travers le miroir.

Chiens perdus sans collier (Jean Delannoy, 1954)
C'est entendu, Delannoy n'était pas un génie. Son adaptation du roman de Cesbron, sur la délinquance juvénile, est honnête, ni gaie ni triste, fataliste et humaniste. A sa sortie, un critique nommé François Truffaut écrivit un article incendiaire contre le film : "C'est ainsi que Delannoy a dirigé ces enfants : pauvres acteurs d'occasion que l'on est tenté de gifler tellement ils sont mièvres et faux... Ce n'est pas un film raté, c'est un forfait conforme à certaines règles que l'on devine aisément : faire un gros coup en s'abritant derrière l'étiquette de la qualité." Méchant, le François, et un peu injuste mais il faut se replacer dans le contexte du cinéma français des années 50 où les Delannoy, Duvivier, Cayatte et compagnie se complaisaient dans un cinéma populaire un brin démagogique et moralisateur. Bizarrement, aujourd'hui, leurs films ont un côté désuet qui ne manque pas de charme et qui témoignent, à leur façon, d'une vision de la société française de ces années-là.

L'assommeur (Thunderbolt, Josef von Sternberg, 1929)
Un an avant L'ange bleu, le premier film parlant de von Sternberg. Une histoire sans grand relief au départ, triangle amoureux avec un caïd au milieu, lente et progressivement envoûtante. Le style du cinéaste est moins flamboyant que dans ses oeuvres suivantes, le thème ne s'y prête pas, mais ce faux film noir se distingue par son climat de tension, presque voluptueux, dans sa dernière partie, entièrement située dans le bloc des condamnés à mort. Jusqu'au dernier moment, impossible de savoir si le meurtrier qui se dirige vers son exécution, va prendre son rival dans ses bras ou l'assassiner. Un petit film d'un grand cinéaste ? Oui, mais quelle leçon de mise en scène !

La toile d'araignée (The drowning pool, Stuart Rosenberg, 1975)
Paul Newman et son épouse Joanne Woodward dans un polar vraiment cool et délicieusement cynique. Newman fait son Bogart avec talent dans ce film qui rappelle vaguement Le grand sommeil, avec une bombinette sexuelle nommée Melanie Griffith. L'intrigue importe peu, moins que le climat émollient de la Louisiane sous lequel s'épanouissent turpitudes et perversités en tous genres. Mais ça reste cool.


Buffalo Bill et les indiens (Robert Altman, 1976)
Buffalo Bill, cabotin alcoolique, met en place son "Wild West Show" et invite le chef indien Sitting Bull à se joindre au spectacle. Mais ce dernier ne tarde pas à le ridiculiser. On comprend bien le propos d'Altman qui fait subir à la mythologie du western le même traitement qu'à la guerre du Vietnam dans Mash. Mais le film, déconstruit et bancal, n'est pas drôle un seul instant et traîne en longueur. Et des pointures comme Newman, Lancaster ou Keitel semblent ici quelque peu sous-employés.


01/06/2010
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