Moisson de vieux films (Mars/4)


Ces messieurs dames (Signore e signori, Pietro Germi, 1966).
Enfin Pietro Germi semble sortir du semi-oubli dans lequel il était tombé, lui l'égal de Risi, Scola, Monicelli et tutti quanti dans la comédie italienne. Jamais la satire de la moyenne bourgeoisie provinciale (Trévise, en l'occurrence) n'a été aussi féroce que dans Ces messieurs dames (Palme d'or à Cannes en 66, partagée avec Un homme et une femme) qui annoncent Les monstres de Risi. Un vrai régal que ce massacre en règle du machisme ambiant et de la veulerie de cette micro-société dont les seuls moteurs sont l'argent et le sexe. Et bien réalisé, qui plus est, sur un scénario divinement écrit, à travers trois histoires distinctes où l'on retrouve peu ou prou les mêmes protagonistes. Une comédie italienne "al dente" qui n'a rien perdu de sa saine méchanceté.

Cynara (King Vidor, 1933).
7 ans de mariage et la tentation de l'adultère sous les traits d'une très jeune femme. Drame romantique, Cynara a pour réel sujet celui de la virginité, bien que le mot ne soit jamais prononcé. Le début des années 30 n'est pas la meilleure période de Vidor, qui a signé quelques chefs d'oeuvre du muet auparavant (dont La foule), et Cynara peut être considéré comme un film mineur dans sa carrière. Néanmoins, l'élégance de la mise en scène, la perfection de l'interprétation (Kay Francis, Ronald Colman), l'acuité des dialogues, en font une oeuvre plus qu'estimable.


La corrida de la peur (The Brave Bulls, Robert Rossen, 1951).
Sans le maccarthysme, Rossen aurait sans doute tourné plus de dix films et n'aurait pas été obligé d'accepter quelques commandes indignes de lui (Mambo, Une île au soleil). Pour le reste, que du bon, voire du très bon dans sa filmographie (Sang et or, Les fous du roi, L'arnaqueur, Lilith ...). La corrida de la peur, dont le sujet n'est pas la corrida elle-même mais la peur dans ce qu'elle a de plus viscérale, est un grand film méconnu. Pour sa dramatisation extrême, pour sa description documentaire du milieu de la tauromachie mexicaine et, surtout, pour son ambiance néo-réaliste au point qu'on se croirait parfois chez Rossellini. On y trouve aussi une atmosphère morbide de film noir, proche de celle de Sang et or qui décrivait le monde de la boxe. Et la mise en scène est magistrale.

Délit de fuite (Hikinige, Mikio Naruse, 1966).
L'avant-dernier film de Naruse est un thriller psychologique, soit un genre peu pratiqué par le cinéaste japonais. Flash backs, scènes fantasmées, montage ultra rapide et surtout empilement de sous couches d'intrigues, Délit de fuite témoigne d'une virtuosité tranquille car le propos reste toujours limpide. Le scénario est lisible à des tas de niveaux, social en particulier, avec un regard plus que critique sur l'évolution du Japon des années 60 et son capitalisme triomphant. C'est bien un mélodrame, malgré tout, et les thématiques préférées de Naruse sont présentes, dont celle de la lâcheté des hommes. Si une grande partie de l'oeuvre de Mikio Naruse peut se rapprocher de celle d'Ozu (avec des différences notables, toutefois), ce film est plus proche de l'univers d'un Kurosawa (par exemple de Entre le ciel et l'enfer ou Les salauds dorment en paix). Jusqu'à un certain point, car le cinéma de Naruse est vraiment unique par sa cohérence et ses obsessions.

Sur le velours (Living on Velvet, Frank Borzage 1935).
C'est fou. Avec une histoire de rien de tout, celle d'un homme qui a perdu le goût de vivre en même que ses proches dans un accident d'avion, Borzage réussit un petit bijou de mélodrame avec le juste dosage pour ne pas tomber dans le larmoyant. Borzage's touch, définitivement.




22/03/2010
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